Coexistence et tolérance

Mahmoud Magdiche, chroniqueur et historien attitré de Sfax mentionne dans sa Nuzhat que le faubourg sud de la ville de Sfax, r’bat el-qibli, a été fondé en 1775 sur ordre d’Ali Bey pour résorber l’accroissement démographique que la cité médiévale connaissait à cette époque. Au départ donc, il fut peuplé de Tunisiens musulmans et juifs, puis au tournant du XVIIIe siècle, d’autres communautés s’y installèrent, des Européens notamment ainsi que d’autres minorités si bien que les voyageurs le baptisèrent « quartier franc ».

Coexistence et tolérance

Mahmoud Magdiche, chroniqueur et historien attitré de Sfax mentionne dans sa Nuzhat que le faubourg sud de la ville de Sfax, r’bat el-qibli, a été fondé en 1775 sur ordre d’Ali Bey pour résorber l’accroissement démographique que la cité médiévale connaissait à cette époque. Au départ donc, il fut peuplé de Tunisiens musulmans et juifs, puis au tournant du XVIIIe siècle, d’autres communautés s’y installèrent, des Européens notamment ainsi que d’autres minorités si bien que les voyageurs le baptisèrent « quartier franc ». Le panorama social de Sfax fut désormais marqué par une diversité ethnique, confessionnelle et linguistique, reflétée par le paysage urbain et architectural, nonobstant l’homogénéité de la médina. Relayant ce faubourg cosmopolite, ce sera la ville dite européenne (Bab-b’har) qui groupera dans un espace relativement réduit, les lieux de culte des différentes confessions qui se côtoieront dans une chaleureuse coexistence communautaire. Détruite par les bombardements de la seconde guerre mondiale, la mosquée Hammouda Sellami fut reconstruite avec son minaret au même endroit, dans le nouveau centre commercial ; il s’agit d’un exemple rare de mosquée suspendue. Non loin, sur l’esplanade jadis dénommée place Pic, et aujourd’hui place des Martyrs, l’église orthodoxe grecque bâtie en 1892, érige son clocher-porche formé de trois niveaux à arcades superposées, le plus haut ayant disparu. Les églises catholique et réformée aussi bien que les temples israélites avaient également leur place à Sfax, cette cité de tolérance.

Sfax abritait plus d’une synagogue dont une en médina, ce qui traduisait l’importance de la communauté juive dans la ville en ces temps-là et son intégration dans a cité. Mais, c’est la synagogue appelée Beit-El (la Maison de Dieu) qui demeure l’un des joyaux de l’architecture moderne. Construite aux abords de Pic-Ville, en 1953-1954, elle se compose de plusieurs éléments dont le sanctuaire, une école et bien d’autres annexes et dépendances. Ce temple de la judéité se distingue par son architecture massive à plusieurs volumes, par les vitraux polychromes qui rehaussent ses deux façades nord et est, ainsi que par le dôme surbaissé et à tambour, qui couvre la salle de prière. Il s’agit d’une architecture moderniste en rupture avec le legs arabisant qui domine à Bab-B’har. On a dit aussi du sanctuaire d’une autre synagogue faisant face à l’actuel centre commercial« Al- Manar » situé au quartier européen, que sa salle de prières ressemblait à une salle de théâtre à cause de ses confortables fauteuils doublés de velours. Faut-il rappeler aussi que la médina avait abrité jusqu’aux années quatre-vingt du XXe siècle, un modeste temple dans une habitation traditionnelle rénovée et reconvertie par un riche juif originaire de Djerba semble-t-il. Une étrange histoire frisant le mythe est rattachée à ce sanctuaire que les voisins musulmans honoraient alors qu’il était déjà désaffecté, en y allumant des bougies jusqu’il n’ya pas longtemps. On raconte que lors des travaux de réfection, le nouveau propriétaire découvrit dans les souterrains une fortune en lingots d’or datant de l’époque ottomane qu’il dilapida rapidement en Europe.

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