La pêche traditionnelle sur les côtes sfaxiennes

La mer sur les côtes sfaxiennes se caractérise par l’étendue de son plateau sous-marin qui s’étend de Ras Kaboudia (La Chebba) au nord, jusqu’à La Skhira au sud, tout en supportant l’archipel des Kerkennah autour duquel, les fonds ne dépassent guère les cinq mètres. Dans ces fonds de faible profondeur, le mouvement de marées est très important et donne des amplitudes maximales allant jusqu’à deux mètres en eaux vives. Ces hauts-fonds à relief peu accidenté à peine coupé par des fossés et des oueds à forte salinité sont couverts de champs de phanérogames (posidonies), offrant un biotope favorable à la multiplication de la faune marine et constituant une sorte vivier naturel et une véritable frayère. C’est ce qui procure des ressources halieutiques considérables, marquées par une diversité des espèces, où les sparidés, les mugilidés et les mollusques céphalopodes occupent une bonne place : sparillon, saupe, sargue, daurade, marbré, denté, labre vert, mulet, poulpe, seiche, calamar…

La pêche traditionnelle sur les côtes sfaxiennes

La mer sur les côtes sfaxiennes se caractérise par l’étendue de son plateau sous-marin qui s’étend de Ras Kaboudia (La Chebba) au nord, jusqu’à La Skhira au sud, tout en supportant l’archipel des Kerkennah autour duquel, les fonds ne dépassent guère les cinq mètres. Dans ces fonds de faible profondeur, le mouvement de marées est très important et donne des amplitudes maximales allant jusqu’à deux mètres en eaux vives. Ces hauts-fonds à relief peu accidenté à peine coupé par des fossés et des oueds à forte salinité sont couverts de champs de phanérogames (posidonies), offrant un biotope favorable à la multiplication de la faune marine et constituant une sorte vivier naturel et une véritable frayère. C’est ce qui procure des ressources halieutiques considérables, marquées par une diversité des espèces, où les sparidés, les mugilidés et les mollusques céphalopodes occupent une bonne place : sparillon, saupe, sargue, daurade, marbré, denté, labre vert, mulet, poulpe, seiche, calamar… De nos jours, les engins et techniques de pêche sont aussi variés que possibles et vont du simple épervier jusqu’au chalut le plus perfectionné, ainsi du trémail, de la senne et des différentes sortes de palangres. Mais, ce sont les plus traditionnels qui fournissent le plus délicieux poisson, car ils témoignent chez les pêcheurs d’un savoir-faire acquis et d’une connaissance implicite et profonde du monde marin, qui leur permettent d’exploiter les instincts naturels des poissons pour les capturer, alors que le principe des engins trainants s’appuie beaucoup plus sur le perfectionnement du matériel et sur la puissance des embarcations. La nasse (drîna) est l’engin nodal de la pêche traditionnelle. Il s’agit d’un piège de forme oblongue, fait d’un treillis de tigelles tirées du régime de dates, montées sur des cercles de soutien taillés dans le pédoncule fibreux du régime. La nasse présente du côté ouvert un orifice en forme d’entonnoir dont les tigelles de l’extrémité laissées libres, empêchent le poisson retenu de ressortir ; le fond du piège est fermé par une résille tressée en alfa que l’on ferme et ouvre grâce à une cordelette. La nasse est un engin polyvalent : elle est utilisée isolée, en palangre ou associée à des pêcheries telles que la jemma et la charfiya. Celle-ci est une pêcherie fixe qui circonscrit, grâce à des murs de palmes, une étendue de mer dont les poissons, entrainés à marée basse par le jusant et attirés par la lumière diffusée par l’ouverture des nasses, pénètrent dans une chambre de capture en clayonnage muni de nasses où il s’engouffre sans pouvoir ressortir. Contrairement au trémail dont les mailles étouffent le poisson, la nasse le conserve vivant et à jeun jusqu’au moment de la levée. Aujourd’hui, il n’ya qu’autour des îles Kerkennah que ces pêcheries sont encore installées. Les Kerkénniens sont réputés posséder avec contrats à l’appui des parcelles de mer ou ils installent leurs pêcheries. Au contraire des chrafi, les zroub  qui peuvent fonctionner durant toute l’année, ne sont plantés que pendant la saison estivale sur les bancs à sparillions surtout sur la côte de Sidi Mansour. Ils sont construits sur le même principe, mais ici, les haies qui délimitent l’enceinte de prise donnant sur la chambre de capture sont faites non de palmes, mais de claies de hampes de palmes. Une fois le dispositif calé, on se met à battre l’eau pour effrayer le poisson et le pousser vers les nasses. Les spars (sbârès) attrapés de cette manière sont très recherchés par les Sfaxiens qui, métonymiquement, désignent ce poisson par le nom de la pêcherie utilisée (zroub). A marée basse, plusieurs embarcations encerclent progressivement un banc de poissons préalablement repéré en plantant sur les fonds des claies de palmes équipées de nasses. Les pêcheurs se mettent à battre la mer au point que le poisson, effrayé, tente de s’échapper par les nasses qui se referment sur lui. Cette pêcherie appelée jemma et destinée à la capture du mulet doré (mmaïla), a aujourd’hui totalement disparu. La dammassa connait aussi le même sort. Il s’agit d’une sautade qui exploite l’instinct du mulet sauteur. Les pêcheurs entreprennent de rabattre le poisson et de l’épouvanter pour l’obliger à sauter sur une double série de claies en roseaux flottantes, disposées en forme de V dont les ailes se referment progressivement. Une autre variété de sautade, réservée au large, est composée de deux filets reliés l’un à l’autre, l’un flottant horizontalement, l’autre est maintenu vertical par des plombs ; le dispositif est progressivement calé de manière à encercler le banc de muges repéré. Au milieu de l’enceinte ainsi formée, des nageurs battent l’eau poussant le poisson à sauter. Quant au poulpe, il sera capturé en exploitant son instinct de se blottir en hiver dans tout abri qu’il rencontre ; les pièges adoptés exploitent cette pulsion. Le plus simple consiste à planter à marée basse, dans le fond marin, trois pétioles de palmes (kernèf) formant ainsi un refuge d’où on peut le lever. Des blocs de travertin marin dont certains sont pris dans les sites archéologiques et évidés ont aussi été utilisés ; mais ce sont les palangres de gargoulettes qui sont désormais les plus employées. Les embarcations les plus utilisées jadis sur les côtes sfaxiennes et autour des îles Kerkennah sont le radeau, la felouque et le loude. Aujourd’hui, ce sont les barques à moteur du type sicafe qui prennent le relais. Le radeau (lechtem) est composé de trois ou quatre madriers longs de 2 à 3 mètres, coupés dans le stipe de palmier et assemblés par des rondins de bois d’olivier. Cet engin mu à la gaffe (qarya) est favorable à la navigation sur les hauts fonds en marée basse, notamment pour lever les nasses calées non loin des rivages, mais il a irrémédiablement disparu. Encore à jour, la felouque est une barque pontée, mesurant 7 à 8 mètres, à coque quillée et à voile latine triangulaire ; au contraire de sa poupe coupé large, sa proue est pointue. Elle est utilisée dans tout travail de pêche. Le loude d’une embarcation exclusive des îliens. Mesurant de 9 à 12 mètres, il a le fond plat et sans quille (qrîna), partant, il est parfaitement adapté à la navigation sur les hauts-fonds. Il est ponté sur toute sa partie avant, jusqu’au pied du mât qui supporte une voile de forme trapézoïdale, réservant une plateforme favorable aux activités de pêche, alors que le reste de l’embarcation à découvert, permet d’augmenter le volume de sa cargaison. Cette embarcation à la poupe et à la proue fines, qui sillonnait jadis les côtes kerkenniennes et sfaxiennes, soit pour la pêche, soit pour le transport des hommes et des marchandises, a depuis plusieurs décennies complètement disparu, remplacé désormais par la barque à voile ou à moteur.

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