C’est une chanson à caractère panégyrique (nûba) qui a assuré la diffusion du nom combien mystérieux de sidi Mansour : Allah Allah ya baba, sidi Mansour ya baba…
Sidi Mansour
C’est une chanson à caractère panégyrique (nûba) qui a assuré la diffusion du nom combien mystérieux de sidi Mansour : Allah Allah ya baba, sidi Mansour ya baba…
Selon le chroniqueur Mahmoud Magdiche (XVIIIe), ce personnage si énigmatique, d’origine africaine, était l’esclave d’un tisserand sfaxien qui lui confiait quotidiennement des tâches qu’il devait accomplir la nuit et dont il s’acquittait à chaque fois, quelle qu’en soit l’importance. Un soir, l’artisan se rendit inopinément à son atelier ; grande fut sa surprise de n’y pas rencontrer son apprenti ; mais au matin, il trouva malgré tout le travail achevé et réalisa alors que l’homme bénéficiait d’une protection divine. La nuit suivante, il fit le guet et découvrit qu’il prenait une route hors des remparts qui le menait près d’un fortin appelé borj Gzal ; là il restait à prier toute la nuit. C’est à ce moment que l’homme s’aperçut que son parton avait percé son secret ; il se retira alors du monde et s’isola non loin du fortin où il décéda et fut enterré, non sans avoir laissé derrière lui le souvenir d’un mystérieux et efficace pouvoir.
Les Sfaxiens vouent encore à ce saint homme une vénération sans faille qui les pousse chaque année à lui consacrer une ziara (visite rituelle), devenue aujourd’hui festival culturel animé par la communauté noire de la ville, notamment par les troupes de stambali, musique au parfum africain, et par le sacrifice d’un énorme bouc.
Situé au bord de la mer, à douze kilomètres de la ville, à proximité d’une tour (nadhour), vestige d’un fort byzantin, le mausolée de sidi Mansour composé d’une salle de prières, aujourd’hui rattachée à celle d’une mosquée avoisinante et d’une coupole qui abrite le catafalque, a constitué le noyau d’un centre urbain semi-rural qui se développe surtout grâce à la pêche et à l’agriculture. Cependant, en l’absence d’un embarcadère aménagé, les pêcheurs doivent composer avec le mouvement des marées pour débarquer les caisses de poissons ; c’est pour cela qu’ils recourent, fait unique et si pittoresque, à des charrettes qui font la navette entre le rivage et les embarcations à l’ancre. Il semble toutefois que les travaux d’aménagement d’un port de pêche commenceront incessamment.